Page:Michelet - La Mer, 1875.djvu/282

Cette page a été validée par deux contributeurs.

chouent même au rivage, se cachent dans le sable ou la boue. Mort même, ils le redoutent, n’osent approcher de son cadavre. La plus sauvage espèce du Cachalot est l’Ourque, ou le Physétère des anciens, tellement craint des Islandais qu’ils n’osaient le nommer en mer, de peur qu’il n’entendît et n’arrivât. Ils croyaient au contraire qu’une espèce de baleine (la Jubarte) les aimait et les protégeait, et provoquait le monstre afin de les sauver.



Plusieurs disent que les premiers qui affrontèrent une si effrayante aventure avaient besoin d’être exaltés, excentriques et cerveaux brûlés. La chose, selon eux, n’aurait pas commencé par les sages hommes du Nord, mais par nos Basques, les héros du vertige. Marcheurs terribles, chasseurs du Mont Perdu, et pêcheurs effrénés, ils couraient en batelet leur mer capricieuse, le golfe ou gouffre de Gascogne. Ils y pêchaient le thon. Ils virent jouer des baleines, et se mirent à courir après, comme ils s’acharnent après l’isard dans les fondrières, les abîmes, et les plus affreux casse-cou. Cet énorme gibier, énormément tentant pour sa grosseur, pour