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que leurs apparitions étaient comptées dans les affreux prodiges que Dieu permet dans sa colère pour terrifier le péché. À peine osait-on les nommer. On avait hâte de les faire disparaître. Le hardi seizième siècle les crut encore « des diables en fourrure d’hommes », qu’on ne devait toucher que du harpon. Ils devenaient très rares, lorsque des mécréants firent la spéculation de les garder, de les montrer.

En reste-t-il au moins des débris, des ossements ? On le saura quand les Musées d’Europe commenceront à faire l’exposition complète de leurs immenses dépôts. La place manque, je le sais bien, et elle manquera toujours, s’il faut pour cela des palais. Mais le plus simple abri, un toit vaste (et très peu coûteux) permettrait d’étaler des choses aussi solides. Jusqu’ici on n’en voit que des échantillons et des pièces choisies.

Ajoutons que l’exposition des amphibies empaillés, pour être vraie, doit présenter ces monstres trop ressemblants à l’homme, par les côtés et dans les poses où ils firent cette illusion. Laissez-leur cet honneur ; ils l’ont assez payé. Que la mère Phoque ou la mère Lamantine m’apparaisse sur son rocher en sirène, dans le premier usage de la main et de la mamelle, tenant son enfant sur son sein.