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D’autre part, l’éducation est devenue possible. L’enfant posé sur le cœur de la mère et lentement s’imbibant de sa vie, restant longtemps près d’elle et à l’âge où il peut apprendre, tout cela tient à la bonté du père qui garde l’innocent rival. Et c’est ce qui permet le progrès.



Si l’on en croyait certaines traditions, le progrès eût continué. Les amphibies développés, rapprochés de la forme humaine, seraient devenus demi-hommes, hommes de mer, tritons ou sirènes. Seulement au rebours des mélodieuses sirènes de la fable, ceux-ci seraient restés muets, dans l’impuissance de se faire un langage, de s’entendre avec l’homme, d’obtenir sa pitié. Ces races auraient péri, comme nous voyons périr l’infortuné Castor, qui ne peut parler, mais qui pleure.

On a dit fort légèrement que ces figures étranges étaient des phoques. Mais, put-on s’y tromper ? Le phoque, en toutes ses espèces, est connu fort anciennement. Dès le septième siècle, au temps de saint Colomban, on le pêchait, on l’apportait et l’on mangeait sa chair.

Les hommes et femmes de mer, dont on parle