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Leur parenté d’abord est évidente. Maints amphibies traînent encore, à leur très grand dommage, la lourde queue de la baleine. Et celle-ci (chez une espèce du moins) a caché dans sa queue l’ébauche et les commencements distincts des deux pieds de derrière qu’auront les plus hauts amphibies.

Dans les mers semées d’îles, coupées de terres à chaque instant, les cétacés, constamment arrêtés, durent modifier leurs habitudes. Leur effort moins rapide, leur vie captive, diminua leur taille, la réduisit de la baleine à l’éléphant. L’éléphant de mer apparut. Gardant le souvenir des superbes défenses qui avaient armé certains cétacés dans leur grande vie marine, il montre encore de fortes dents en avant, mais peu offensives. Même les dents de mastication ne sont bien nettement ni herbivores, ni carnivores. Elles se prêtent mal aux deux régimes et doivent opérer lentement.

Deux choses allégeaient la baleine, sa masse d’huile qui la faisait flotter sur l’eau, et cette queue puissante dont le choc alternatif frappant des deux côtés la poussait en avant. Mais tout cela accable l’amphibie barbotant dans des eaux peu profondes, et rampant aux rochers, comme un lourd limaçon. Le poisson, si agile, rit d’un tel être qui n’en peut faire sa proie. Il n’atteint guère que les mollusques, lents comme lui. Il se fait peu à peu à manger les