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et serra son enfant, mais elle ne le serra pas sur la mamelle ; son bras était trop haut, et la mamelle, dans ce vaisseau vivant, ne pouvait être qu’à l’arrière. Chez les êtres nouveaux qui nagent, mais qui rampent aussi sur la terre (morses, lamantins, phoques, etc.), la mamelle, pour ne pas traîner, heurter dessous, remonte à la poitrine. Nous voyons apparaître une ombre de la femme, forme et attitude gracieuse qui fait illusion à distance.

En réalité, vue de près, avec moins de blancheur, de charme, c’est bien pourtant la mamelle féminine, ce globe qui, gonflé d’amour et du doux besoin d’allaiter, reproduit dans son mouvement tous les soupirs du cœur qui est dessous. Il réclame l’enfant pour le porter, lui donner l’aliment, le repos. Tout cela fut refusé à la mère qui nageait. Celle qui pose, en a le bonheur. La fixité de la famille, la tendresse, à fond ressentie, et approfondie chaque jour (disons plus, la Société), ces grandes choses commencent, dès que l’enfant dort sur son sein.



Mais comment se fit le passage du cétacé à l’amphibie ? Essayons de le deviner.