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L’habitant d’une autre planète qui descendrait sur la nôtre en ballon, et, d’une grande hauteur observerait la surface du globe, voulant savoir s’il est peuplé, dirait : « Les seuls êtres qu’il m’est donné de découvrir ici sont d’assez belle taille, de cent à deux cents pieds de long ; leurs bras n’ont que vingt-quatre pieds, mais leur superbe queue, de trente, bat royalement la mer, la maîtrise, les fait avancer avec une rapidité, une aisance majestueuse, auxquelles on reconnaît très bien les souverains de la planète. »

Et il ajouterait : « Il est fâcheux que la partie solide de ce globe soit déserte, ou n’ait que des animalcules trop petits pour qu’on les distingue. La mer seule est habitée, et d’une race bonne et douce. La famille y est en honneur, la mère allaite avec tendresse, et quoique ses bras soient bien courts, elle trouve moyen, dans la tempête, de serrer contre elle-même et de protéger son petit. »



Ils vont ensemble volontiers. On les voyait jadis naviguer deux à deux, parfois en grandes familles de dix ou douze, dans les mers solitaires. Rien n’était magnifique comme ces grandes flottes, par-