Page:Michelet - La Mer, 1875.djvu/247

Cette page a été validée par deux contributeurs.


XII

la baleine

« Le pêcheur, attardé dans les nuits de la mer du Nord, voit une île, un écueil, comme un dos de montagne, qui plane, énorme, sur les flots. Il y enfonce l’ancre… L’île fuit et l’emporte. Léviathan fut cet écueil. » (Milton.)

Erreur trop naturelle, Dumont Durville y fut trompé. Il voyait au loin des brisants, un remous tout autour. En avançant, des taches blanches semblaient désigner un rocher. Autour de ce banc l’hirondelle et l’oiseau des tempêtes, le pétrel, se jouaient, s’ébattaient, tournoyaient. Le rocher surnageait, vénérable d’antiquité, tout gris de coronules, de coquilles et de madrépores. Mais la masse se meut. Deux énormes jets d’eau, qui partent de son front, révèlent la baleine éveillée.