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si divisible, il frappe énormément fort, s’il veut mille fois plus qu’il ne faut. Alors c’est un trait, une flèche, la rapidité de la foudre.

L’os intérieur, qui dans la seiche apparut unique et informe, ici est un grand système un, mais très multiple, — un pour la force d’unité, — multiple pour l’élasticité, pour s’approprier aux muscles, qui, contractés, dilatés tour à tour, font le mouvement. Merveille, véritable merveille que cette forme du poisson, si compacte (à voir du dehors), et si contractable au dedans, cette carène de fines côtes si flexibles (dans le hareng, dans l’alose, etc.), où s’attachent les muscles des moteurs qui poussent d’un choc alternatif. Aussi il n’expose au dehors que des rames auxiliaires, courtes nageoires qui risquent peu, qui, fortes, piquantes et gluantes, blessent, éludent, échappent. Que tout cela est supérieur au poulpe ou à la méduse, qui présentent à tout venant de molles tentacules de chair, friand morceau pour l’appétit des crustacés ou des marsouins !

Au total, ce vrai fils de l’eau, mobile autant que sa mère, glisse à travers par son mucus, fend de sa tête, choque des muscles (contractés sur ses vertèbres, sur ses fines côtes onduleuses), enfin de ses fortes nageoires il coupe, il rame, il dirige.

La moindre de ces puissances suffirait. Il les unit toutes, — type absolu du mouvement.