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crevant, il détruit encore. Manquant d’armure défensive, sous son ronflement menaçant, il n’en est pas moins inquiet ; sa sûreté, c’est d’attaquer. Il regarde toute créature comme un ennemi possible. Il lui lance à tout hasard ses longs bras, ou plutôt ses fouets armés de ventouses. Il lui lance, avant tout combat, ses effluves paralysantes, engourdissantes, un magnétisme qui dispense du combat.

Double force. À la puissance mécanique de ses bras-ventouses qui enlacent, immobilisent, ajoutez la force magique de cette foudre mystérieuse ; ajoutez l’ouïe très fine, l’œil perçant. Vous êtes effrayés.

Qu’était-ce donc, quand la richesse débordante du premier monde, où ils n’avaient point à chercher, plongés qu’ils étaient toujours dans une mer vivante d’alimentation, les gonflait indéfiniment, ces monstres d’élastique enveloppe qui prêtait à volonté ? Ils ont décrû. Cependant Rang atteste qu’il en a vu un de la grosseur d’un tonneau. Péron, dans la mer du Sud, en a rencontré un autre, non moins gros. Il roulait, ronflait, dans la vague, avec grand bruit. Ses bras de six ou sept pieds, se déroulant en tout sens, simulaient une furieuse pantomime d’horribles serpents.

D’après ces récits sérieux, on n’aurait pas dû, ce