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sa coquille, et celle-ci dans sa nacre, et cette nacre dans sa perle, qui n’est qu’elle-même concentrée.

Mais cette dernière n’arrive, dit-on, que par une blessure, une permanente souffrance, une douleur quasi-éternelle, qui attire, absorbe tout l’être, anéantit sa vie vulgaire en cette divine poésie.



J’ai ouï dire que les grandes dames de l’Orient et du Nord, tout autrement délicates que les lourdes enrichies, évitaient les feux du diamant, et n’accordaient de toucher leur fine peau qu’à la douce perle.

En réalité, l’éclair du diamant fait tort à l’éclair de l’amour. Un collier, deux bracelets de perles, c’est l’harmonie d’une femme[1], l’ornement vraiment féminin, qui, au lieu d’amuser, émeut, attendrit l’attendrissement. Cela dit : « Aimons ! Point de bruit ! »

La perle paraît amoureuse de la femme, elle de la perle. Ces dames du Nord, dès qu’elles les ont une fois mises, ne les quittent plus. Elles les portent jour et nuit, les cachent sous les vêtements. Dans de rares occasions, à travers les riches four-

  1. Voir la note à la fin du volume.