Page:Michelet - La Mer, 1875.djvu/207

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Je comprends très bien ce que sent, en présence de la perle, le cœur ignorant et charmant de la femme qui rêve, est émue, sans savoir pourquoi. Cette perle n’est pas une personne, mais ce n’est pas une chose. Il y a là une destinée.

Quelle adorable blancheur ! non, c’est candeur que je veux dire : — virginale ? non ; c’est bien mieux ; les vierges et les petites filles ont toujours, tant douces soient-elles, un peu de jeune verdeur. La candeur de celle-ci serait plutôt celle de l’innocente épouse, si pure, mais soumise à l’amour.

Nulle ambition de briller. Elle adoucit, presque éteint ses lueurs. On n’y voit d’abord qu’un blanc mat. Ce n’est qu’au second regard qu’on commence à découvrir son iris mystérieuse, et, comme on dit, son orient.

Où vécut-elle ? Demandez au profond Océan. De quoi ? demandez au soleil. Elle a vécu de lumière et d’amour de la lumière, comme eût fait un pur esprit.

Grand mystère !… Mais elle-même, elle le fait assez comprendre. On sent que cet être si doux a vécu longtemps immobile, résigné, dans la quiétude qui fait « attendre en attendant, » ne veut rien faire et ne rien vouloir que ce que voudra l’être aimé.

L’enfant de la mer avait mis son beau rêve dans