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quand elle est facile. Mais, si elle s’arrête un moment, quel trouble terrible ! Que notre poumon s’engorge, que le larynx seulement s’embarrasse pour une nuit, l’agitation, l’anxiété, sont extrêmes ; on n’y tient pas ; souvent même, à grand péril, on ouvre toutes les fenêtres. On sait que, chez les asthmatiques, cette torture va si loin, que, ne pouvant se servir de l’organe naturel, ils se créent un moyen supplémentaire de respirer. — De l’air ! de l’air ! ou bien mourir !

La nature ainsi pressée est terriblement inventive. Il ne faut pas s’étonner si ces pauvres enfermés, étouffant sous leur maison, ont trouvé mille appareils, mille genres de soupapes qui les soulagent un peu. Tel respire par des lamelles qui se rangent autour du pied, tel par une sorte de peigne, tel par un disque, un bouclier, d’autres par des fils allongés ; quelques-uns ont sur le côté de jolis panaches, ou sur le dos un mignon petit arbre qui tremble, va, vient, respire.

Ces organes si sensibles, qui craignent tant d’être blessés, affectent des formes charmantes ; on dirait qu’ils veulent plaisir, attendrir, qu’ils demandent grâce. Leur innocente comédie joue toute la nature, prend toute forme et toute couleur. Ces petits enfants de la mer, les mollusques, en grâce enfantine d’illusion, en riches nuances, lui font sa fête éter-