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lumière, d’autre action que d’absorber ce qui vient et de sécréter la gelée qui fit la maison, et peu à peu fera le reste. L’attraction de la lumière toujours dans le même sens centralise la vue. Voilà l’œil. La sécrétion, fixée dans un effort toujours le même, fait un appendice, un organe qui tout à l’heure était le câble, et qui plus tard devient le pied, masse informe, inarticulée, qui peut se prêter à tout. C’est la nageoire de ceux qui flottent, le poinçon de ceux qui se cachent et veulent enfoncer dans le sable, enfin le pied des rampants, un pied peu à peu contractile, qui leur permet de se traîner. Quelques-uns se hasarderont à le bander comme un arc pour sauter maladroitement.

Pauvre troupeau, bien exposé, poursuivi de toutes les tribus, heurté par la vague et froissé des rocs. Ceux qui ne réussissent pas à se bâtir une maison cherchent pour leur tente fragile un lit vivant. Ils demandent abri aux polypes, se perdent dans la mollesse des alcyons flottants. L’Avicule qui donne la perle cherche un peu de tranquillité dans la coupe des éponges. La Pinne cassante n’ose habiter que l’herbe vaseuse. La Pholade niche dans la pierre, recommence les arts de l’oursin, mais dans quelle infériorité ! au lieu du ciseau admirable qui peut faire l’envie des tailleurs de pierre, elle n’a qu’une petite râpe, et pour creuser un abri à