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elle se contracte, donne les signes d’une très vive sensibilité.



Avec tout cela, elle aime, la grande Âme d’harmonie, qui est l’unité du monde. Elle aime, et par l’alternative de plaisir et de douleur elle cultive tous les êtres et les oblige à monter.

Mais, pour monter, pour passer à un degré supérieur, il faut qu’ils aient épuisé tout ce que l’inférieur contient d’épreuves plus ou moins pénibles, de stimulants d’invention et d’art instinctif. Il faut même qu’ils aient exagéré leur genre, en aient rencontré l’excès, qui, par contraste, fait sentir le besoin d’un genre opposé. Le progrès se fait ainsi par une sorte d’oscillation entre les qualités contraires qui tour à tour se dégagent et s’incarnent dans la vie.

Traduisons ces choses divines en langage humain, familier, peu digne de leur grandeur, mais qui les fera comprendre :

La Nature, s’étant plu longtemps à faire et défaire la méduse, à varier à l’infini ce thème gracieux de liberté naissante, un matin se frappa le front, se dit : « J’ai fait un coup de tête. Cela est charmant. Mais j’ai oublié d’assurer la vie de la pauvre