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leurs qui, jaillissant ou pâlissant, révèlent un sentiment, et je ne sais quel mystère. On dirait l’esprit de l’abîme qui en médite les secrets. On dirait l’âme qui vient ou celle qui doit vivre un jour. Ou bien faudrait-il y voir le rêve mélancolique d’une destinée impossible qui ne doit jamais atteindre son but ? Ou l’appel au bonheur d’amour qui seul nous console ici-bas ?

On sait que, sur notre terre, chez nos lucioles, ce feu est le signal, l’aveu de l’amante qui se désigne, dit sa retraite et se trahit. A-t-il ce sens chez les méduses ? On l’ignore. Ce qui est sûr, c’est qu’elles versent ensemble leur flamme et leur vie. La sève féconde, chez elles, la vertu de la génération, y tient, et, à chaque éclair, échappe et va diminuant.

Si l’on veut le plaisir cruel de redoubler cette féerie, on les expose à la chaleur. Alors elles s’exaspèrent, rayonnent et deviennent si belles, si belles !… que la scène est finie. Flamme, amour et vie, tout a fui, tout s’est écoulé à la fois.