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Était-elle morte ou mourante ? Je ne crois pas aisément à la mort ; je soutins qu’elle vivait. À tout hasard, il coûtait peu de l’ôter de là et de la jeter dans la lagune d’à côté. S’il faut tout dire, à la toucher j’avais un peu de répugnance. La délicieuse créature, avec son innocence visible et l’iris de ses douces couleurs, était comme une gelée tremblotante, glissait, échappait. Je passai outre cependant. Je glissai la main dessous, soulevai avec précaution le corps immobile, d’où tous les cheveux retombèrent, revenant à la position naturelle où ils sont quand elle nage. Telle je la mis dans l’eau voisine. Elle enfonça, ne donnant aucun signe de vie.

Je me promenai sur le bord. Mais au bout de dix minutes, j’allai revoir ma méduse. Elle ondulait sous le vent. Réellement, elle remuait et se remettait à flot. Avec une grâce singulière, ses cheveux fuyant sous elle nageaient, doucement l’éloignaient du rocher. Elle n’allait pas bien vite, mais enfin elle allait. Bientôt je la vis assez loin.



Elle n’aura peut-être pas tardé de chavirer encore. Il est impossible de naviguer avec des moyens plus faibles et de façon plus dangereuse. Elles crai-