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venue. Ainsi la mer de corail, dans son travail d’enfantement, de soulèvements, de mouvements, dans ses constructions sans cesse augmentées ou affaissées, bâties, ruinées, rebâties, est une fabrique immense de calcaire, qui va alternant entre ses deux vies : vie agissante aujourd’hui, vie disponible qui agira demain.



Forster a vu, et très bien vu (ce qu’on a nié à tort) que ces îles circulaires sont des cratères de volcans, exhaussés par les polypes. Dans toute hypothèse contraire on ne peut expliquer cette identité de forme. C’est toujours un petit anneau d’environ cent pas de diamètre, fort bas, battu au dehors par les flots, mais renfermant au dedans un bassin tranquille. Quelques plantes de trois ou quatre espèces font une couronne de verdure clairsemée au bassin intérieur. L’eau est du plus beau vert. L’anneau est de sable blanc (résidu de coraux dissous) en contraste avec le bleu foncé de l’Océan. Sous l’eau salée, nos ouvriers travaillent. Selon leurs espèces ou leurs caractères, les uns plus hardis aux brisants, aux côtés paisibles les bonnes gens timides.

Voilà un monde peu varié. Attendez. Les vents,