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animales, la prestesse et l’ardeur de vie que déployait le rotifère ? Quelle chute nous faisons en montant !… Mes atomes étaient trop vivants, mobiles jusqu’à éblouir, et ces gigantesques bêtes sont frappées de paralysie.

Que serait-ce si le rotifère pouvait concevoir l’être collectif où sommeille un infini, par exemple, la superbe, la colossale éponge étoilée que vous voyez au Muséum ? Elle est à lui ce qu’est à l’homme le globe même de la terre avec ses neuf mille lieues de tour. Eh bien, je suis convaincu que dans cette comparaison, loin d’en être humilié, l’atome aurait un accès d’orgueil et dirait : « Je suis grand. »



Ah ! rotifère, rotifère ! Il ne faut mépriser personne.

Je sens bien tes avantages et ta supériorité. — Mais qui sait si cette vie captive dont tu ris n’est pas un progrès ? Ta liberté étourdie d’agitation vertigineuse serait-elle le terme des choses ? Pour prendre son point de départ vers des destinées plus hautes, la nature aime mieux subir un immobile enchantement. Elle entre au sépulcre obscur de ce triste communisme où chaque élément compte