Page:Michelet - La Mer, 1875.djvu/146

Cette page a été validée par deux contributeurs.

armes de chasse qui l’aident à atteindre de petites proies.

Tout fuit, tout cède, un seul résiste, ne craint rien, se fie à ses armes. C’est un monstre, mais déjà pourvu de sens supérieurs. Il a deux grands yeux de pourpre. Peu mobile, et vrai tardigrade, en revanche, il voit et il est armé. Il a, à ses fortes pattes, des ongles fort accentués, qui lui servent à s’amarrer, au besoin, sans doute, à combattre.



Puissant début de la nature, qui, dans cette économie de substance et de matière, avec rien commence à créer de façon si majestueuse ! Sublime coup d’archet d’ouverture ! Ceux-ci (qu’importe la taille !) ont une puissance colossale d’absorption et de mouvement que seront bien loin d’avoir les énormes animaux qu’on classe beaucoup plus haut dans la série animale.

L’huître, fixée sur son rocher, la limace marchant sur le ventre, sont au rotifère ce que me seraient, à moi, les Alpes, les Cordillères, des êtres si disproportionnés, qu’on ne peut les mesurer du regard, à peine du calcul et de la pensée.

Cependant qu’est devenue chez ces montagnes