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futurs, comme eux, armés jusqu’aux dents, guerriers atomes qui chassent des atomes inoffensifs.

Tout cela dans une richesse énorme et épouvantable qui humilie la pauvreté du monde visible. Sans parler de ces rhizopodes qui de leurs petits manteaux ont fait leur part des Apennins, surexhaussé les Cordillères, les seuls foraminifères, cette tribu si nombreuse d’atomes à coquilles, comptent jusqu’à deux mille espèces (Charles d’Orbigny). On les trouve contemporains de tous les âges de la terre. Ils se représentent toujours à diverses profondeurs dans nos trente crises du globe, variant quelque peu de formes, mais persistant comme genre, restant témoins identiques de la vie de la planète. Aujourd’hui le froid courant du pôle austral que la pointe de l’Amérique divise entre ses deux rivages en envoie impartialement quarante espèces vers la Plata, quarante vers le Chili. Mais la grande manufacture où ils se créent et s’organisent paraît être le fleuve chaud de la mer qui part des Antilles. Les courants du Nord les tuent. Le grand torrent paternel les charrie morts à Terre Neuve et dans tout notre océan, dont ils composent le fond.



Quand l’illustre père des atomes, j’entends leur