Page:Michelet - La Mer, 1875.djvu/125

Cette page a été validée par deux contributeurs.

arriveront à la solidité des peaux et des cuirs. Mais, tout jeunes, à l’état visqueux, dans leur élasticité, ils ont comme la consistance d’un flot solidifié, d’autant plus fort qu’il est plus mou.

Ce que nous savons aujourd’hui de la génération et de l’organisation compliquée des êtres inférieurs, végétaux ou animaux, nous interdit l’explication des anciens et de Réaumur. Mais tout cela n’empêche pas de revenir à la question que posa le premier Bory de Saint-Vincent : « Qu’est-ce que le mucus de la mer ? la viscosité que présente l’eau en général ? N’est-ce pas l’élément universel de la vie ? »



Préoccupé de ces pensées, j’allai voir un chimiste illustre, esprit positif et solide, novateur prudent autant que hardi, et, sans préface, je lui posai ex abrupto ma question : « Monsieur, qu’est-ce, à votre avis, que cet élément visqueux, blanchâtre, qu’offre l’eau de mer ?

— Rien autre chose que la vie. »

Puis, revenant sur ce mot trop simple et trop absolu, il ajouta : « Je veux dire une matière à demi organisée et déjà tout organisable. Elle n’est en certaines eaux qu’une densité d’infusoires, en