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Je voudrais pouvoir ici accomplir avec vous en une nuit la circumnavigation de notre Océan, entre Dunkerque et Biarritz, et la revue des grands phares. Mais elle serait bien longue.

Calais, de ses quatre phares de feux de couleurs différentes, qu’on doit voir de Douvres même, fait à l’Angleterre, au monde qui passe par l’Angleterre, des signes hospitaliers. Le beau golfe de la Seine, entre la Hève et Barfleur, illuminé de phares amis, ouvre le Havre à l’Amérique et la reçoit directement au foyer, au cœur de la France.

Elle-même s’avance en mer pour recueillir les vaisseaux, éclairant d’un soin admirable toutes les pointes de la Bretagne. À l’avant-garde de Brest, à Saint-Matthieu, à Penmark, à l’île de Sen, tout est couronné de feux, — tous différents, par éclairs de minutes ou de secondes, — qui disent au navigateur : « Gare ! Observe ce rocher… Fuis cet écueil… Tourne ici… Bon ! te voilà dans le port. »



Notez que toutes ces tours, élevées aux lieux dangereux, bâties souvent sur les brisants et dans les tempêtes mêmes, posaient à l’art le problème de l’absolue solidité. Plusieurs s’élèvent à des