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PRÉFACE DE 1869.

si touchants, qui pour toute l’Europe furent les bons serviteurs, les amis du foyer.

Comment remercier mes amis, mes vengeurs, les bons chroniqueurs suisses, qui par bonheur arrivent avec leurs cors, leurs lances à la grande chasse de Morat, forcent le sanglier, cette bête cruelle, Charles le Téméraire ? Leurs récits sont des chants de gaieté héroïque. C’est un plaisir de voir cette effroyable enflure, piquée, tout à coup aplatie. On est pour Louis XI incontestablement dans sa lutte de ruse contre l’orgueil barbare, la brutalité féodale. C’est le renard qui prend au filet le faux lion. L’esprit au moins triomphe. La fine et ferme prose de Comines a raison de la grosse rhétorique, de la chevalerie contrefaite. Une ironie, mesquine encore et de malice, digne des fabliaux, est ici dans l’histoire. Demain, forte et puissante, elle sera féconde aux grands jours de la Renaissance.

Ce bon roi Louis XI m’arrêta très-longtemps. Mon xve siècle sortit tout entier des actes, des pièces. Le très-vaste travail de Legrand oblige cependant de vérifier ses copies, souvent fort peu exactes, sur les originaux (Gaignières, etc.), un travail de grande patience.

J’entrai par Louis XI aux siècles monarchiques.