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CARLOVINGIENS.

nue régulièrement deux fois par an[1], délibérait, les ecclésiastiques d’une part, les laïques de l’autre, sur les matières proposées par le roi ; puis, réunis, ils conféraient avec un maître qui ne demandait qu’à s’éclairer. Quatre fois par an, les assemblées provinciales se tenaient sous la présidence des missi dominici. Ceux-ci étaient les yeux de l’empereur, les messagers prompts et fidèles qui, parcourant sans cesse tout l’Empire, réformaient, dénonçaient tout abus. Au-dessous des missi, les comtes présidaient les assemblées inférieures, où ils rendaient la justice, assistés des boni homines, jurés choisis entre les propriétaires. Au-dessous encore existaient d’autres assemblées : celles des vicaires, des centeniers ; que dis-je, les moindres bénéficiers, les intendants des fermes royales, tenaient des plaids comme les comtes.

Certes, l’ordre apparent ne laisse rien à désirer, les formes ne manquent pas ; on ne comprend pas un gouvernement plus régulier. Cependant il est visible que les assemblées générales n’étaient pas générales ; on ne peut supposer que les missi, les comtes, les évêques, courussent deux fois par an après l’empereur dans les lointaines expéditions d’où il date ses capitulaires, qu’ils gravissent tantôt les Alpes, tantôt les Pyrénées, législateurs équestres, qui auraient galopé

  1. gere quam pronunciare poteret. » — Poeta Saxon., l. V, ap. Scr. Fr. V, 176 :
    … Solitus lingua sæpe est orare latina ;
    Nec græcæ prorsus nescius extiterat.
    « Telle était sa faconde, qu’il en ressemblait à un pédagogue (ut didasculus appareret : alibi dicaculus, petit plaisant). »