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CARLOVINGIENS.

l’ascendant sur des ennemis dispersés. Il entreprit de dépeupler la Saxe, puisqu’il ne pouvait la dompter. Il s’établit avec une armée sur le Weser, et peut-être pour convaincre les Saxons qu’il ne lâcherait pas prise, il appela son camp Heerstall, comme s’appelait le château patrimonial des Carlovingiens sur la Meuse. De là, étendant de tous côtés ses incursions, il se faisait livrer dans plus d’un canton jusqu’au tiers des habitants. Ces troupeaux de captifs étaient ensuite chassés vers le Midi, vers l’Ouest, établis sur de nouvelles terres au milieu de populations toutes hostiles, toutes chrétiennes, et de langue différente. Ainsi, les rois des Babyloniens et des Perses transportaient les Juifs sur le Tigre, les Chalcidiens au bord du golfe Persique. Ainsi Probus avait transplanté des colonies de Francs et de Frisons jusque sur les rivages du Pont-Euxin.

En même temps, un fils de Charlemagne, profitant d’une guerre civile des Avares, entrait chez eux par le midi avec une armée de Bavarois et de Lombards ; il passa le Danube, la Theiss, et mit enfin la main sur ce précieux ring où dormaient tant de richesses. Le butin fut tel, dit l’annaliste, qu’auparavant les Francs étaient pauvres en comparaison de ce qu’ils furent dès lors. Il semble que ce peuple thésauriseur ait perdu son âme avec l’or qu’il couvait, comme le dragon des poésies Scandinaves. Il tombe dès lors dans une extrême faiblesse. Le chagan se fait chrétien. Ceux d’entre eux qui restent païens, mangent dans des plats de bois avec les chiens à la porte des évêques envoyés pour les convertir. Quelques années