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CARLOVINGIENS.

midi les Suèves. Mais ses tentatives étaient loin de pouvoir rétablir l’unité. Ce fut bien pis à sa mort ; son successeur dans la mairie fut son petit-fils Théobald, sous sa veuve Plectrude. Le roi Dagobert III, encore enfant, se trouva soumis à un maire enfant, et tous deux à une femme. Les Neustriens s’affranchirent sans peine. Ce fut à qui attaquerait l’Ostrasie ainsi désarmée : les Frisons, les Neustriens la ravagèrent, les Saxons coururent toutes ses possessions en Allemagne.

Les Ostrasiens, foulés par toutes les nations, laissèrent là Plectrude et son fils. Ils tirèrent de prison un vaillant bâtard de Pépin, Cari, surnommé Marteau. Pépin n’avait rien laissé à celui-ci. C’était une branche maudite, odieuse à l’Église, souillée du sang d’un martyr. Saint Lambert, évêque de Liège, avait un jour, à la table royale, exprimé son mépris pour Alpaïde, la mère de Cari, la concubine de Pépin ; le frère d’Alpaïde força la maison épiscopale et tua l’évêque en prières. Grimoald, fils et héritier de Pépin, était allé en pèlerinage au tombeau de saint Lambert, il y fut tué, sans doute par les amis d’Alpaïde. Carl lui-même se signala comme ennemi de l’Église. Son surnom païen de Marteau me ferait volontiers douter s’il était chrétien. On sait que le marteau est l’attribut de Thor, le signe de l’association païenne, celui de la propriété, de la conquête barbare. Cette circonstance expliquerait comment un empire, épuisé sous les règnes précédents, fournit tout à coup tant de soldats et contre les Saxons et contre les Sarrasins. Ces mêmes hommes, attirés dans les