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MONDE GERMANIQUE.

mune. Il embrassa en cette occasion le culte de la Gaule romaine. C’était celui de sa femme Clotilde, nièce du roi des Bourguignons. Il avait fait vœu, disait-il, pendant la bataille, d’adorer le dieu de Clotilde, s’il était vainqueur ; trois mille de ses guerriers l’imitèrent[1]. Ce fut une grande joie dans le clergé des Gaules, qui plaça dès lors dans les Francs l’espoir de sa délivrance. Saint Avitus, évêque de Vienne, et sujet des Bourguignons ariens, n’hésitait pas à lui écrire : « Quand tu combats, c’est à nous qu’est la victoire. » Ce mot fut commenté éloquemment par saint Rémi au baptême de Clovis : « Sicambre, baisse docilement la tête ; brûle ce que tu as adoré, et adore ce que tu as brûlé. » Ainsi l’Église prenait solennellement possession des barbares.

Cette union de Clovis avec le clergé des Gaules semblait devoir être fatale aux Bourguignons. Il avait déjà essayé de profiter d’une guerre entre leurs rois, Godegisile et Gondebaud. Il avait pour prétexte contre celui-ci et son arianisme et la mort du père de Clotilde, que Gondebaud avait tué ; nul doute qu’il ne fût appelé par les évêques. Gondebaud s’humilia. Il amusa les

    chez les barbares. Ennodius, évêque de Paris, dit d’une armée du grand Théodoric : « Il y avait tant de rois dans cette armée, que leur nombre était au moins égal à celui des soldats qu’on pouvait nourrir avec les subsistances exigées des habitants du district où elle campait. »

  1. Greg. Tur., l. II, c. xxxi. — Sigebert et Chilpéric n’épousent Brunehaut et Galsuinthe qu’après leur avoir fait abjurer l’arianisme. — Chlotsinde, fille de Clotaire Ier ; Ingundis, femme d’Ermengild ; Berthe, femme du roi de Kent, convertirent leurs maris.