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MONDE GERMANIQUE.

Attila s’éloignait, et l’Empire ne pouvait profiter de sa retraite. À qui devait rester la Gaule ? Aux Goths et aux Burgundes, ce semble. Ces peuples ne pouvaient manquer d’envahir les contrées centrales, qui, telles

    Le noble et sage Hildibraht demande à l’autre, en paroles brèves : Qui est ton père entre les hommes du peuple, et de quelle race es-tu ? Si tu veux me l’apprendre, je te donne une armure à trois fils. Je connais toute race d’hommes. — Hathubraht, fils d’Hildibraht, répondit : Les hommes vieux et sages qui étaient jadis me disaient que Hildibraht était mon père ; moi, je me nomme Hathubraht. Un jour il s’en alla vers l’Orient, fuyant la colère d’Othachr (Odoacre ? ) ; il alla avec Théodorich (Théodoric ? ) et un grand nombre de ses serviteurs. Il laissa au pays une jeune épouse assise dans sa maison, un fils enfant, une armure sans maître, et il alla vers l’Orient. Le malheur croissant pour mon cousin Dietrich, et tous l’abandonnant, lui, il était toujours à la tête du peuple, et mettait sa joie aux combats. Je ne crois pas qu’il vive encore. — Dieu du ciel, seigneur des hommes, dit alors Hildibraht, ne permets point le combat entre ceux qui sont ainsi parents ! Il détache alors de son bras une chaîne travaillée en bracelet que lui donna le roi, seigneur des Huns. Laisse-moi, dit-il, te faire ici ce don ! — Hathubrath répondit : C’est avec le javelot que je puis recevoir, et pointe contre pointe ! Vieux Hun, indigne espion, tu me trompes avec tes paroles. Dans un moment je te lance mon javelot. Vieil homme, espérais-tu donc m’abuser ? Ils m’ont dit, ceux qui naviguaient vers l’Ouest, sur la mer des Vendes, qu’il y eut une grande bataille où périt Hildibraht, fils d’Heeribraht. — Alors, reprit Hildibraht, fils d’Heeribraht : Je vois trop bien à ton armure que tu n’es point un noble chef, que tu n’as pas encore vaincu… Hélas ! quelle destinée est la mienne ! J’erre depuis soixante étés, soixante hivers, expatrié, banni. Toujours on me remarquait dans la foule des combattants, jamais ennemi ne me traina, ne m’enchaîna dans son fort. Et maintenant, il faut que mon fils chéri me perce de son glaive, me fende de sa hache, ou que moi je devienne son meurtrier. Sans doute, il peut se faire, si ton bras est fort, que tu enlèves à un homme de cœur son armure, que tu pilles son cadavre ; fais-le, si tu en as le droit,