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RÉCAPITULATION. — SYSTÈMES DIVERS.

ciens dialectes gaulois avec ceux que parlent les populations modernes de Galles et Bretagne, d’Écosse et Irlande. L’induction ne semblera pas légère à ceux qui connaissent la prodigieuse obstination de ces peuples, leur attachement à leurs traditions anciennes et leur haine de l’étranger.

Un caractère remarquable de ces langues, c’est leur frappante analogie avec les langues latine et grecque. Le premier vers de l’Énéide, le fiat lux en latin et en grec, se trouvent être presque gallois et irlandais[1]. On serait tenté d’expliquer ces analogies par l’influence ecclésiastique, si elles ne portaient que sur les mots scientifiques ou relatifs au culte ; mais vous les rencontrez également[2] dans ceux qui se rapportent aux affections intimes ou aux circonstances de l’exis-

  1. Il n’y a pas un homme illettré en Irlande, Galles et Écosse du Nord, qui ne comprenne :
    Arma virumque (ac) cano Trojæa qui primus ab oris
    Gaeliq. Arm agg fer can pi pim fra or
    Gallois. Arvau ac gwr canwyv Troiau cw priv o or
    Γηνητήθω φάος ϰαί ἕγενέτο φάος
    G’ennet pheor agg genneth pheor.
    Ganed fawdd ac y genid fawdd.
    Fiat lux et (ac) lux facta fuit.
    Feet lur agg tur feet fet.
    Tydded lluch a lluch a feithed.
    Cambro-Briton, janvier 1822.
  2. Ardennæ : l’article ar, et den (cymr.), don (bas-bret.), domhainn (gaël.), profond. — Arelate : ar, sur, et lath (gaël.), llaeth (cymr.), marais. — Avenio : adhainn (gaël.), avon (cymr.), eau. — Batavia : bat, profond, et av, eau. — Genabum (Orléans), et de même Genève : cen, pointe, et av, eau. — Morini (le Boulonnais) : môr, mer. — Rhodanus : rhed-an, rhod-an, eau rapide (Adelung Dict. gaël. et welsch.), etc.