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HISTOIRE DE FRANCE.

Tel fut l’effroi des empereurs à l’aspect de cette désolation qu’ils essayèrent d’un moyen désespéré. Ils se hasardèrent à prononcer le mot de liberté. Gratien exhorta les provinces à former des assemblées, Honorius essaya d’organiser celles de la Gaule[1], il engagea, pria, menaça, prononça des amendes contre ceux qui ne s’y rendraient pas. Tout fut inutile, rien ne réveilla le peuple engourdi sous la pesanteur de ses maux. Déjà il avait tourné ses regards d’un autre côté. Il ne s’inquiétait plus d’un empereur impuissant pour le bien comme pour le mal. Il n’implorait plus que la mort, tout au moins la mort sociale et l’invasion des barbares[2]. « Ils appellent l’ennemi, disent les

  1. En 382, une loi porta : « Soit que toutes les provinces réunies délibèrent en commun, soit que chaque province veuille s’assembler en particulier, que l’autorité d’aucun magistrat ne mette ni obstacle ni retard à des discussions qu’exige l’intérêt public. » L. sive integra, 9, Cod. Theod., l. XII, t. xii. Voyez Raynouard, Histoire du Droit municipal en France, I, 192.

    Voici les principales dispositions de la loi de 418 : — I. L’assemblée est annuelle. — II Elle se tient aux ides d’août. — III. Elle est composée des honorés, des possesseurs et des magistrats de chaque province. — IV. Si les magistrats de la Novempopulanie et de l’Aquitaine, qui sont éloignées, se trouvent retenus par leurs fonctions, ces provinces, selon la coutume, enverront des députés. — V. La peine contre les absents sera de cinq livres d’or pour les magistrats, et de trois pour les honorés et les curiales. — VI. Le devoir de l’assemblée est de délibérer sagement sur les intérêts publics. Ibid., p. 199.

  2. Mamertin., in Panegyr. Juliani : « Aliæ, quas a vastitate barbarica terrarum intervalla distulerant, judicum nomine a nefariis latronibus obtinebantur ingenua indignis cruciatibus corpora (lacerabantur) ; nemo ab injuria liber… ut jam barbari desiderarentur, ut præoptaretur a miseris fortuna captorum. » — P. Oros… « Ut inveniantur quidam Romani, qui malint inter barbaris pauperem