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LA GAULE SOUS L’EMPIRE. DÉCADENCE DE L’EMPIRE.

hérisson qui veut l’en délivrer ; d’autres viendraient affamées, dit-il ; celles-ci sont soûles et gorgées.

Les procurateurs, hommes de rien, créatures du prince, et responsables envers lui, eurent à craindre sa surveillance. S’enrichir, c’était tenter la cruauté d’un maître qui ne demandait pas mieux que d’être sévère par avidité.

Ce maître était un juge pour les grands et pour les petits. Les empereurs rendaient eux-mêmes la justice. Dans Tacite, un accusé qui craint les préjugés populaires veut être jugé par Tibère, comme supérieur à de tels bruits. Sous Tibère, sous Claude, des accusés échappent à la condamnation par un appel à l’empereur. Claude, pressé de juger dans une affaire où son intérêt était compromis, déclare qu’il jugera lui-même, pour montrer dans sa propre cause combien il serait juste dans celle d’autrui ; personne, sans doute, n’aurait osé décider contre l’intérêt de l’empereur.

Domitien rendait la justice avec assiduité et intelligence ; souvent il cassait les sentences des centumvirs, suspects d’être influencés par l’intrigue[1]. Adrien consultait sur les causes soumises à son jugement, non

  1. Tibère. « Petitum est a principe cognitionem exciperet : quod ne reus quidem abnuebat, studia populi et patrum metuens : contra, Tiberium spernendis rumoribus validum… veraque… judice ab uno facilius discerni : odium et invidiam apud multos valere… Paucis familiarium adhibitis, minas accusantium, et hinc preces audit, integramque causam ad senatum remittit. » Tacit., Annal., l. III, c. x.

    « Messalinus… a primoribus civitatis revincebatur : iisquæ instantibus ad imperatorem provocavit. » Tacit., Annal., l. VI, c. v. — « Vulcatius Tullinus, ac Marcellus, senatores, et Calpurnias,