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LA GAULE SOUS L’EMPIRE. DÉCADENCE DE L’EMPIRE.

de Vienne, et, dès sa naissance, ennemie de sa mère. Cette ville, si favorablement située au confluent de la Saône et du Rhône, presque adossée aux Alpes, voisine de la Loire, voisine de la mer par l’impétuosité de son fleuve qui y porte tout d’un trait, surveillait la Narbonnaise et la Celtique, et semblait un œil de l’Italie ouvert sur toutes les Gaules.

C’est à Lyon, à Aisnay, à la pointe de la Saône et du Rhône, que soixante cités gauloises élevèrent l’autel d’Auguste, sous les yeux de son beau-fils Drusus. Auguste prit place parmi les divinités du pays. D’autres autels lui furent dressés à Saintes, à Arles, à Narbonne, etc. La vieille religion gallique s’associa volontiers au paganisme romain. Auguste avait bâti un temple au dieu Kirk, personnification de ce vent violent qui souffle dans la Narbonnaise ; et sur un même autel on lut dans une double inscription les noms des divinités gauloises et romaines ; Mars-Camul ; Diane-Arduinna, Belen-Apollon ; Rome mit Hésus et Néhalénia au nombre des dieux indigètes.

Cependant le druidisme résista longtemps à l’influence romaine ; là se réfugia la nationalité des Gaules. Auguste essaya du moins de modifier cette religion sanguinaire. Il défendit les sacrifices humains, et toléra seulement de légères libations de sang.

La lutte du druidisme ne put être étrangère au soulèvement des Gaules, sous Tibère, quoique l’histoire lui donne pour cause le poids des impôts, augmenté par l’usure. Le chef de la révolte était vraisemblablement un Édue, Julius Sacrovir ; les Édues étaient, comme je l’ai dit, un peuple druidique, et le nom de