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CHAPITRE III

La Gaule sous l’Empire. — Décadence de l’Empire.
— Gaule chrétienne.


Alexandre et César ont eu cela de commun d’être aimés, pleurés des vaincus et de périr de la main des leurs[1]. De tels hommes n’ont point de patrie ; ils appartiennent au monde.

César n’avait pas détruit la liberté (elle avait péri depuis longtemps), mais plutôt compromis la nationalité romaine. Les Romains avaient vu avec honte et douleur une armée gauloise sous les aigles, des sénateurs gaulois siégeant entre Cicéron et Brutus. Dans la réalité, c’étaient les vaincus qui avaient le profit de la victoire[2]. Si César eût vécu, toutes les nations

  1. Si l’on veut qu’Alexandre n’ait pas péri par le poison, on ne peut nier du moins qu’il fut peu regretté des Macédoniens. Sa famille fut exterminée en peu d’années.
  2. Les Romains, dit saint Augustin, n’ont nui aux vaincus que par le sang qu’ils ont versé. Ils vivaient sous les lois qu’ils im-