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ÉCLAIRCISSEMENTS




SUR LES TRADITIONS RELIGIEUSES DE L’IRLANDE
ET DU PAYS DE GALLES. (Voy. p. 45.)

Nous nous sommes sévèrement interdit, dans le texte, tout détail sur les religions celtiques qui ne fût tiré des sources antiques, des écrivains grecs et romains. Toutefois, les traditions irlandaises et galloises qui nous sont parvenues sous une forme moins pure, peuvent jeter un jour indirect sur les anciennes religions de la Gaule. Plusieurs traits, d’ailleurs, sont profondément indigènes et portent le caractère d’une haute antiquité : ainsi, le culte du feu, le mythe du castor et du grand lac, etc., etc.


§ 1er.

Le peu que nous savons des vieilles religions de l’Irlande nous est arrivé altéré, sans doute, par le plus impur mélange de fables rabbiniques, d’interpolations alexandrines, et peut-être dénaturé encore par les explications chimériques des critiques modernes. Toutefois, en quelle défiance qu’on doive être, il est impossible de repousser l’étonnante analogie que présentent les noms des dieux de l’Irlande (Axire, Axcearas, Coismaol, Cabur), avec les Cabires de Phénicie et de Samothrace (Axieros, Axiokersos, Casmilos, Cabeiros). Baal se retrouve également comme Dieu suprême en Phénicie et en Irlande. L’analogie n’est pas moins frappante avec plusieurs des dieux égyptiens et étrusques. Æsar, dieu en étrusque (d’où Cæsar), c’est en irlandais le Dieu qui allume le feu[1]. Le feu

  1. Suivant Ballet, Lar, en celtique, signifie feu. En vieil irlandais il signifie le sol d’une maison, la terre, ou bien une famille (?). Lere, tout-puissant. — Joun, iauna, en basque, Dieu (Janus, Diana). En irlandais, Anu, Ana (d’où Jona ?), mère des Dieux, etc., etc.