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ÉTAT DE LA GAULE PRÉCÉDANT LA CONQUÊTE.

les tribus gauloises appelaient alors l’étranger. Le druidisme affaibli semble avoir dominé dans les deux Bretagnes et dans les bassins de la Seine et de la Loire. Au midi, les Arvernes et toutes les populations ibériennes de l’Aquitaine étaient généralement restés fidèles à leurs chefs héréditaires. Dans la Celtique même, les druides n’avaient pu résister au vieil esprit de clan qu’en favorisant la formation d’une population libre dans les grandes villes, dont les chefs ou patrons étaient du moins électifs, comme les druides. Ainsi deux factions partageaient tous les États gaulois ; celle de l’élection ou des druides et des chefs temporaires du peuple des villes[1]. À la tête de la seconde se trouvaient les Édues ; à la tête de la première, les Arvernes et les Séquanes. Ainsi commençait dès lors l’opposition de la Bourgogne (Édues) et de la Franche-Comté (Séquanes). Les Séquanes, opprimés par les Édues qui leur fermaient la Saône et arrêtaient leur grand commerce de porcs, appelèrent de la Germanie des tribus étrangères au druidisme, qu’on nommait du nom commun de Suèves. Ces barbares ne demandaient pas mieux. Ils passèrent le Rhin, sous la conduite d’un Arioviste, battirent les Édues, et leur im-

  1. Ver-go-breith, gaël., homme pour le jugement.

    Cæs., l. I, c. xvi. « Vergobretum, qui creatur annuus et vitæ necisque in suos habes potestatem. » — L. VII, c. xxxiii. « Legibus Æduorum iis qui summum magistratum obtinerent, excedere ex finibus non liceret… quum leges duo ex una familia, vivo utroque, non solum magistratus creari vetarent, sed etiam in senatu esse prohiberent. » — L. V, c. vii. « Esse ejusmodi imperia, ut non minus haberet juris in se (regulum ? ), multitudo, quam se in multitudine… » et passim.