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HISTOIRE DE FRANCE.

jetaient des lingots d’or et d’argent dans les lacs, ou les clouaient dans les temples.

Un mot sur la hiérarchie. Elle comprenait trois ordres distincts. L’ordre inférieur était celui des bardes, qui conservaient dans leur mémoire les généalogies des clans, et chantaient sur la rotte les exploits des chefs et les traditions nationales ; puis venait le sacerdoce proprement dit, composé des ovates et des druides. Les ovates étaient chargés de la partie extérieure du culte et de la célébration des sacrifices. Ils étudiaient spécialement les sciences naturelles appliquées à la religion, l’astronomie, la divination, etc. Interprètes des druides, aucun acte civil ou religieux ne pouvait s’accomplir sans leur ministère.

Les druides, ou hommes des chênes[1], étaient le couronnement de la hiérarchie. En eux résidaient la puissance et la science. Théologie, morale, législation, toute haute connaissance était leur privilège. L’ordre des druides était électif. L’initiation, mêlée de sévères épreuves, au fond des bois ou des cavernes, durait quelquefois vingt années : il fallait apprendre de mémoire toute la science sacerdotale ; car ils n’écrivaient rien, du moins jusqu’à l’époque où ils purent se servir des caractères grecs.

L’assemblée la plus solennelle des druides se tenait une fois l’an sur le territoire des Carnutes, dans un lieu consacré, qui passait pour le point central de toute la Gaule ; on y accourait des provinces les plus éloignées. Les druides sortaient alors de leurs soli-

  1. Derw (cymrique), Deru (armoricain), Dair (gaélique) : chêne.