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COMME JADIS…

la fougue de la jeune fille rousse sous la charmille. Combien plus il me plaisait de l’évoquer telle qu’elle devait être, prodiguant ses soins à sa tante, et, ainsi, plus voisine de mon idéal !

Au printemps, je fis une exposition chez Goldstein. Mon succès me valut de Jacqueline des félicitations d’une ironie si fine qu’il était difficile d’y répondre. Il était vrai que les toiles exposées étaient différentes d’inspiration de celle de « L’Aube claire ». Je ne conçus nulle amertume de ce qui me semblait un caprice d’enfant, entêtée à ne me chercher et à ne me trouver que dans cette œuvrette assez quelconque. Après tout, « l’Aube claire » ne lui rappelait-elle pas son premier article ? Et n’était-ce pas là sa principale raison de la préférer ?

Les vacances revinrent, ramenant les hôtes de la Grangère. Mlle Maurane, complètement rétablie, les accompagnait. Je retrouvai Jacqueline dans l’éclat de sa beauté splendidement développée…


Nous nous fiançâmes, un soir de septembre, peu de jours avant le départ des Maurane…

Minnie, ma chère petite âme d’eau claire, n’exigez pas de moi l’analyse impitoyable du pseudo-amour littéro-cérébral que l’on m’offrit en retour de la tendresse profonde, confiante, joyeuse que j’avais vouée à celle en qui je croyais de toute ma sincérité.