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COMME JADIS…

s’assurait que la mesure fût pleine, distribuait des bonbons aux enfants, embrassait le plus petit et repartait de son pas assuré.

— C’est une drôle de petite bonne femme, concilia Tante.

Il n’en fallut pas plus pour mettre mon esprit en éveil, dès que je pressentais confusément une originalité quelconque. Deux jours durant, je guettai la petite fille. Déjà, le goût de la couleur, de la forme, du mouvement s’éveillait en moi. La cour était pleine de soleil ; l’apparition s’avançait, accompagnée d’une ombre courte gris clair, qui dansait sur les dalles brasillantes. J’attendais qu’un regard se levât vers la façade du château. Le troisième jour, ma tante me dit avec un soupir :

— Pourquoi ne ferais-tu pas connaissance avec la petite Maurane ? À mon âge, on n’est plus une fameuse compagne de jeux et je n’ai plus d’histoires à te conter…

Pour toute réponse, je jetai mes bras autour de la chère tête. Je humai voluptueusement le parfum des Îles, je voulais m’en griser jusqu’à me faire oublier la tentation. Mais, déjà, j’étais consentant à la trahison. Je furetai à travers la chambre de Tante, et insensiblement je gagnai la porte. Deux minutes plus tard, j’étais aux aguets dans l’avenue creuse, défoncée par les chariots de la ferme, et que l’on n’entretenait plus depuis des années. Elle venait… Elle passa près de moi sans paraître me