J’imagine ce Nord qui se déploie derrière votre maison rustique, et dont l’appel va jusqu’au cœur de ma vieille Province réveiller les instincts ancestraux. J’admire l’effort de votre père, la foi, le courage qui l’ont soutenu et l’ont rendu assez fort pour maîtriser la souffrance intime. Tout ce que vous me dites, d’ailleurs, me confond d’une admiration émue. J’admire Lavernes bâti à la pointe du lac, sentinelle avancée vers le grand Nord, l’épinette mystérieuse — si mystérieuse pour moi que je n’imagine rien qui puisse lui ressembler ; j’admire votre maison solide construite à la frontière du monde, vos poulains cayuses, les jeunes arbres vos frères, vos clôtures enfermant le territoire d’une commune ; j’admire et j’aime ce ménage de paysans de chez nous, mis à votre service ! par lui vous avez appris à connaître quelques-unes des qualités foncières de notre race ; j’admire l’indépendance de votre vie et le jet tout droit de votre âme vers la sincérité. Combien plus encore que votre jeune inexpérience le suppose, ma cousine, vous êtes une « hors la vie » ! Et je vous admire et vous remercie d’être cela.
Ne croyez pas que votre lettre fut seulement plaisir d’artiste. Sous les mots osant à peine se produire, parce que le souvenir d’autres mots les gêne, votre sensibilité s’est révélée si parfaitement compréhensive qu’un flot de reconnaissance a voilé mes yeux d’une larme. Aussi, je voudrais vous