Page:Michelet - Comme jadis, 1925.djvu/269

Cette page a été validée par deux contributeurs.
269
COMME JADIS…

La guerre est finie. L’armistice a été signé hier.

J’attends la permission que vous m’avez promise pour cette date sacrée. Vous me rendrez témoignage que j’ai loyalement tenu mes engagements. Vous-même avez reconnu, au début de l’année, que je ne semblais pas appelée au mariage. Alors pourquoi redouter que ma vocation soit entachée de romanesque ? Père, vous connaissez trop la sincérité de votre « papoose » pour mettre en doute sa parole, lorsqu’elle vous affirme qu’elle considérerait comme un irrespect sans pareil envers Dieu, si elle se laissait conduire par l’idée de pousser jusqu’au bout l’étrange ressemblance de sa destinée avec celle d’Herminie de Lavernes.

Ce n’est pas parce qu’Herminie est entrée au Carmel d’Orléans, que je vous demande de me laisser partir pour le noviciat des Sœurs Grises. Père, vous le savez, vous connaissez la qualité de ma vocation éprouvée depuis bientôt quatre années, et c’est pourquoi j’attends avec confiance le signe qui me libérera. Faites-le vite, on a tant besoin de missionnaires dans le Nord…

Je doute si peu de votre consentement, que vous trouverez, ici, à votre retour, mes affaires à peu près arrangées. L’arrivée au printemps du neveu de Mourier et de sa jeune femme est maintenant certaine. Vous voyez que le Bon Dieu prépare les voies. Laissant nos terres à la famille Mourier, je n’ai pas l’impression de les abandonner…