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COMME JADIS…

Je ne sais quelle plus terrible nécessité pourrait m’amener à le faire. Depuis cinq semaines, je suis sans nouvelles de lui. J’ai écrit au consul de France, à Montréal, pour obtenir des renseignements. On me promet de me transmettre ce que l’on pourra apprendre sur le sort du lieutenant de Noulaine, sans me dissimuler qu’il faudra attendre, car il y a lieu de penser que son régiment se trouvait sur la Marne et les disparus, ainsi que les blessés, ont été si nombreux qu’il faudra du temps avant de pouvoir donner une certitude…

Monsieur, j’ai recours à vous… Vous êtes sur place. Je sais combien grande est votre affection pour Gérard… Il faudrait s’enquérir s’il n’a pas été fait prisonnier. Blessé, il m’eût fait écrire un mot.

Je veux me cramponner à l’espoir que ce silence est celui qui est imposé par les Allemands à leurs prisonniers. Voulez-vous diriger vos recherches de ce côté-là ? En même temps, vous ne négligerez rien pour savoir si la vérité n’est pas plus cruelle ?

Je vous serai, Monsieur, à jamais reconnaissante de tout ce que vous ferez pour m’arracher à l’horrible incertitude dans laquelle je vis.

Avec l’assurance que vous avez une part dans mes prières, je vous demande, de croire à mes meilleurs sentiments.

Minnie Lavernes.