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COMME JADIS…

fie à vous, doucement, avec tendresse et une telle confiance ! Durant ces minutes, sûrement, mon amour vous protège ; je crains moins la balle meurtrière. Il faut que je me défende contre l’audace de la défier d’aller vous chercher parmi tant d’autres. J’ai vraiment alors la foi d’Herminie.

Gérard, pouvez-vous vous imaginer avec quelle respectueuse ferveur, je lis et relis le missel fané des lettres de notre parente !

Je vous l’ai déjà dit, ce fut le premier roman qui tomba sous mes yeux. Mais que pouvait être l’enthousiasme de l’adolescente que j’étais invraisemblablement candide, découvrant l’amour, auprès de l’émerveillement ému de la fiancée que je suis ! Ma destinée actuelle me rapproche si étrangement de l’aïeule qui signa ces feuillets du même nom que le mien ! Quelle noblesse, quel courage, quelle abnégation ! De quel exemple seraient ces pages, dans un temps où la séparation déchire tant de cœurs… Gérard, c’est vous qui aviez raison. Nous n’avons pas le droit de garder un trésor qui peut enrichir les âmes, consoler, apaiser. Si vous pensez, comme moi, qu’il est bon que je m’en désaisisse, que je n’y puise pas seule le réconfort, l’espérance chrétienne, dites-le moi, mon ami. Indiquez-moi ce que je dois faire.


Jour de malle. Pas de lettres.

Je m’inquiéterais trop facilement, si Henriette