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COMME JADIS…

chiffres se place l’ordre du jour de Joffre : la résistance sur la Marne !…

Vous obéir est la grande douceur d’où me vient quelque consolation. Je prie pour vous. Je prie dans la petite église humble, sœur de celles que les barbares ravagent, à genoux sur la peau d’ours brun, étendue au-dessous du crucifix de bois ; je prie au travail, quand, tout à coup, la vue de nos grands champs moissonnés, parsemés de quintots abondants, éveille dans ma pensée la vision d’autres champs… Je prie le long des trails, il me semble que je prie sans cesse, que mon souffle est prière et supplications…


J’ai retrouvé mes chers Mourier bien déprimés. Le départ du Père Chassaing a été un rude coup pour le vieux Français. Songez qu’ils sont tous les deux du même âge.

Vite, nous nous sommes remis au travail. L’opinion anglaise que la guerre pourra durer longtemps commence à prévaloir et nous trace une tâche : produire, alimenter les peuples alliés dont les hommes sont aux armées et dont les terres seront forcément stériles. J’essaie de faire comprendre à Mourier que notre effort est utile, urgent. C’est difficile. Nous fournissons néanmoins une forte somme de travail par nous-mêmes.

Le jeune Labbé que nous engagions d’ordinaire à la moisson est parti avec le contingent d’Edmon-