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COMME JADIS…

LA MÊME AU MÊME

Je n’irai pas au bal…

Les violons sont décommandés, les fêtes brusquement interrompues par le départ de nos augustes hôtes. Comment la fameuse gravité de la situation européenne vient-elle troubler, jusqu’aux confins du monde, les réjouissances qu’une jeune capitale était fière d’offrir à l’oncle du roi et à cette délicieuse princesse Patricia, dont plus d’un Edmontonien s’était épris ? Mystère, diplomatie, politique.

Nous voici avec nos frais de révérences, de plumes, de toilettes. Il y a eu, paraît-il, des grincements de dents à cause de la fête manquée. Pour ma part, j’éprouve un soulagement à être débarrassée de ce que je considérais comme une corvée.

La presse quotidienne d’Edmonton est pleinement rassurante. L’assassinat de Sarajevo est déplorable, mais de là à être la cause d’un conflit, il y a loin. On attend d’une heure à l’autre, disent les dernières dépêches, la publication des clauses d’un arrangement.

Ici, c’est à peine si l’écho affaibli des événements effleure les esprits. L’optimisme qu’a fait naître la découverte des puits de pétrole baigne la cité entière. Les actions montent avec une vitesse vertigineuse. Personne ne parle encore de krach. De nouvelles sociétés se fondent pour l’explora-