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COMME JADIS…

En dépit des promesses, le vieux fort a été démonté, « log à log ». On avait pris l’engagement de le rebâtir sur un emplacement où il gênerait moins l’ordonnance des jardins. Où sont-ils les vénérables troncs d’arbres qui portaient au cœur de leur bois franc les marques des luttes anciennes ?

Cette après-midi, avec plus de ferveur que jamais, j’ai reposé mon regard sur le panorama splendide, dansant sous la brûlure de ce soleil de juillet, soleil infernal, avide, comme les altérés de la Jasper dont j’entendrais la fièvre divagante, si je fermais les yeux et si je prêtais l’oreille.

Tout de suite, au sortir du pont, Strathcona la studieuse, fière de sa jeune Université, nous ouvrait ses avenues paisibles, à peine dégagées de la boue des terrassements, bordées de petits trottoirs de bois à l’aspect rural et réjouissant ; tout au long s’alignent, un peu en retrait, les maisons coquettes, à vérandahs avenantes, aux fenêtres larges, claires, gaies, voilées de jolis rideaux.

C’est une de ces villas que Madame Lamarche habite avec son fils le docteur.

Vous connaîtrez mes amis Lamarche, vous les estimerez, vous les aimerez, j’en suis certaine. Je ne vous dirai donc rien d’eux, sinon qu’André est tout gagné à vos projets. Vous aurez plaisir et profit à vous en entretenir avec lui. Son récent séjour en France le rendra compréhensif d’une part, et d’autre part, il pourra vous indiquer les écueils à éviter…