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COMME JADIS…

nos vêtements. Garder le voile moustiquaire froncé autour du grand chapeau de paille, c’est, par cette chaleur, par cette température orageuse, un supplice d’un autre genre que l’on n’a pas le courage de supporter longtemps. Le maringoin est un des fléaux de la Prairie. Des colons, paraît-il, ont abandonné le pays, certaines années où cette engeance était plus particulièrement nombreuse.

Un seul moyen de défense est efficace pour les gens et les bêtes : « la boucane ». La bonne « boucane » qui prend à la gorge, fait tousser, larmoyer, mais débarrasse du tzinn… tzinn… des moustiques. Ne sait pas faire qui veut une belle boucane ! C’est un art… Une poignée de foin sec, au fond d’un vieux seau, quelques menus branchages, et quand le feu commence à flamber, une fourchée de litière, une motte de gazon. Si la fumée sort grise, épaisse, décrivant des cercles de plus en plus grands un silence se fait presque aussitôt, apaisant…

Alors, le soir, il est possible de sortir les « berçantes » sur la galerie, et de goûter le premier repos de la journée brûlante… On ne songe pas à parler : il semble que l’on ait soif de silence… Les membres engourdis par la fatigue, on se laisse gagner peu à peu par le recueillement des choses assoupies où frissonne un souffle d’angoisse, peut-être aussi par l’écrasement qui vient de l’impression soudaine que l’on éprouve de la solitude formidable… Oui, si j’interrogeais, à cette minute