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COMME JADIS…

tout un côté de votre chambre. Puisse-t-elle dire vrai…


Notre « grand ménage », mon cousin, ne nous fait pas négliger les foins. Hélas ! quelques semaines après votre départ, il y aura encore l’hiver qui viendra poser son formidable problème à résoudre, de la faim des bêtes ; il faut donc que les meules vertes, puis grises, puis blanches, s’édifient à grand renfort de coups de fourches, durant les matins souvent frileux et les après-midi presque torrides.

Partout où le foin naturel croît au creux de minuscules vallons, la faucheuse attelée de deux chevaux, en promenant sa chanson, couche l’herbe touffue, mollement, régulièrement en andains qui festonnent suivant les dents des saules en bordure.

Autrefois, lorsque nous étions les maîtres du pays sur des milles à la ronde, nous allions tout droit devant nous, jusqu’aux grandes prairies bleues où le foin pousse dru, haut de plusieurs pieds ; tout le long du jour, le moulin à faucher tournait en rond, abattant l’herbe souple, juteuse, sous la lame. Maintenant, la plupart « des homesteads » sont « entrés » à quatre milles à la ronde ; il faut faire le foin sur ses propres terres. Sur notre section, heureusement, « les places à foin » ne manquent pas.

Mourier coupe, le matin, de bonne heure. L’atmosphère est tellement sèche que, le lendemain,