— Père, vous paraissez attristé ?
— Attristé ?… Où vois-tu que je sois triste, ajouta-t-il en reprenant le tutoiement familier du temps « du papoose » de tante Nanine. Tu sais bien que j’ai vingt-cinq ans de sacerdoce parmi vous autres, Canadiens français, et qu’il n’y en a pas de plus désireux que moi de voir la Vieille et la Nouvelle-France marcher ensemble vers le même idéal… Tiens, tu veux que je te le dise : Je suis très content de l’arrivée de ton cousin. Je crois qu’il va faire du bon travail pour nous tous.
— Merci, Père.
— Quand l’attendez-vous ?
— J’ai calculé : son bateau arrivera fin juillet à Montréal, ensuite six jours de chars, il devrait être vers le 3 ou 4 août à Edmonton.
— Vous irez l’attendre à Edmonton !
— Je n’y avais pas songé.
— Ce serait plus cordial.
Vous voyez, Gérard, j’ai bien fait d’entrer au presbytère. Donc, j’irai vous attendre à Edmonton. J’arriverai quelques jours en avance sur vous. Il faut que vous trouviez une cousine à la gare, à peu près vêtue à la mode. Dès que vous mettrez le pied sur la terre ferme, envoyez un télégramme pour me prévenir du jour où vous serez à Edmonton. Adressez chez Madame Lamarche, Edmonton-Sud.