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COMME JADIS…

raison. Combien de fois mon père et moi avons été péniblement frappés par l’incompréhension dont nous apportait l’écho quelque livre de voyageur, publié en France !

Gérard, viendrez-vous et faudra-t-il avoir la tristesse de nous voir peut-être méconnus par vous ?

À la réflexion, je me dis que c’est impossible, que vous êtes placé dans des conditions bien différentes, qu’à l’opposé de tant d’autres voyageurs, vous débarquerez avec une connaissance au moins élémentaire du pays, géographique et historique, et que plus réellement que tout autre, vous viendrez en parent affectueux.

À tout hasard, ne sachant ce que renferme la bibliothèque de Noulaine en œuvres canadiennes, je vais puiser dans celle de mon père et vous envoyer ce qu’il faut avoir lu sur le Canada pour aborder l’étude de certains problèmes que vous rencontrerez ici.

Oui, je me rassure ! Venez. Qui sait le rôle que la Providence réserve au cousin du héros des Plaines d’Abraham ?

Donnez-moi beaucoup de détails sur vos préparatifs. À quel moment viendrez-vous ? Combien de temps resterez-vous au pays ? Bien entendu, vous monterez dans l’Ouest. Vous verrez ce que nous avons fait avec l’aide de nos missionnaires. Mon père comptait des amis bien placés à Edmonton, je vous adresserai à eux, et notre courte histoire de vingt ans vous surprendra peut-être.