certain qu’en l’établissant, je n’obéissais pas à une impulsion, et que je ne cherchais pas, en quelque sorte, à m’évader des devoirs vers lesquels vous et Maignan m’avez entraîné. Partir, quitter la France, n’était-ce pas de nouveau céder à l’attrait de se fuir soi-même ? Aujourd’hui, je crois pouvoir répondre que ce n’est pas une désertion.
Mon ami et moi, bien souvent, parlons du Canada. Une remarque d’Henri, plusieurs fois répétée, me frappa. Aussi, il y a quelque temps, comme il concluait :
— Qu’avons-nous fait, nous, catholiques et français, pour établir de solides liens fraternels avec cette France d’Amérique ? Nous ne savons rien ou presque, de ses aspirations. Les quelques Français, moins ignorants que les autres de son attachement aux traditions, se perdent à vouloir expliquer un patriotisme fait d’ardente intransigeance nationaliste et de loyalisme à la Couronne d’Angleterre. Et, de là-bas, comment nous voit-on ? Nous juge-t-on d’après notre détestable politique ? Que faisons-nous pour nous faire connaître ? Parcourir ce jeune pays en voyage d’étude serait intéressant…
J’ai réparti, sans m’en rendre compte :
— Ce voyage d’étude, pourquoi ne pas le faire ?
Voilà Minnie le grand projet exposé. Qu’en pensez-vous ? Je voudrais vous envoyer ce mot très